Appuyé sur les barrières Nadar qui le séparent des bus des équipes, Jean Gilbert voit l’effervescence qu’il y a près du Pullman des Lotto-Soudal ce mardi midi à Dunkerque. D’emblée, il commence : « Je pense qu’après le Tour, Philippe passera un peu de temps à la maison. Nous prendrons alors le temps de fêter son anniversaire. »
« En effet. Depuis 20 ans, c’est rare. Il est toujours sur les routes. Nous y sommes habitués. En tout cas, on a moins parlé de mes 40 ans. À l’époque, je travaillais à la commune d’Aywaille (rires). »
« Cela fait plaisir de voir qu’on ne l’oublie pas. Il y a beaucoup d’applaudissements pour lui. Cela veut dire qu’il a accompli de belles choses et j’en suis fier. Quand j’ai vu toutes les inscriptions qu’il y avait en son honneur dans la Redoute pour Liège-Bastogne-Liège, ça m’a procuré beaucoup d’émotions. Elles sont le reflet du bonheur que Philippe a donné aux gens. »
« (Il réfléchit) Peu importe ce que l’on pense, nous. C’est lui qui décide. Il a toujours fonctionné de la sorte, sans nous demander notre avis. Et cela lui a assez bien réussi quand on voit son palmarès. Une chose est sûre, c’est qu’il ne reviendra pas sur sa décision. Même s’il avait été champion de Belgique il y a dix jours à Middelkerke, il l’aurait maintenue. Il a assez donné au vélo. »
« Impossible de n’en sortir qu’un. Le plus beau, c’est Liège-Bastogne-Liège. Il gagne à la maison, devant son public. C’était un jour de folie, dans la Redoute comme à l’arrivée. Puis, il y a aussi sa victoire à la Flèche wallonne, quatre jours plus tôt. Je ne pensais jamais qu’il allait gagner cette course. Ce Mur, en principe, était beaucoup trop raide pour lui. Enfin, il y a son titre mondial au Cauberg (en 2012). Ça, c’est sans doute le sommet de sa carrière. »
« Dans la vie de tous les jours, il distille aussi ses conseils. Il est partageur. En revanche, je le répète, il ne demande, pour ainsi dire, pas notre avis. Il fait ce qu’il a envie de faire et nous le dit après. »
« Il pourra s’occuper encore plus de ses enfants. Cela tombe bien parce qu’il m’a dit vouloir rester quelques mois à profiter de sa famille, de ses trois enfants. Ce qu’il fera après ? Je n’en sais rien. Mais il ne restera pas les bras croisés. Il m’a déjà dit : ‘À 40 ans, je ne suis pas pensionné.’ Il a encore toute une grosse partie de la vie devant lui. Est-ce qu’il va s’occuper d’une équipe ? Franchement, aucune idée. Il ne dit rien… »
« Il m’a procuré plein d’émotions. Je ne peux que l’en remercier. Il avait toutes les qualités pour percer, mais encore fallait-il travailler. Beaucoup de gars de sa génération avaient du talent mais ils n’ont pas autant bossé que Phil. Il peut être fier de lui, de tout ce qu’il a accompli. »
« Sa plus grande réussite, je ne sais pas. Mais c’est sûr que ce n’est pas fréquent. Voir les jeunes entamer leur carrière à fond, avec un rythme effréné, m’effraie un peu. On leur en demande tellement ! »
source: dh.be