Selon une enquête menée par l’Insee et l’Ined, la mixité des unions et le niveau d’éducation des descendants d’immigrés progressent au fil des générations.
Les plus jeunes sont majoritairement originaires d’Afrique, les plus âgées d’Europe. Parmi les personnes vivant en logement ordinaire en France métropolitaine, 5,8 millions sont immigrées, soit 9 % de la population. Selon la deuxième édition de l’enquête Trajectoires et Origines, menée conjointement en 2019-2020 par l’Insee et l’Ined, mesurant les origines sur trois générations, la mixité des unions et le niveau d’éducation progressent au fil des générations. Même si les inégalités sociales persistent.
Leur profil reflète, avec décalage, les flux d’immigration successifs: près de la moitié de ces populations immigrées sont nées en Afrique et un tiers en Europe. La part des Européens est tendanciellement en baisse, tandis que celle des personnes en provenance de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie augmente. Quelque 7,5 millions d’individus sont quant à eux descendants d’immigrés de la deuxième génération (12 % de la population), c’est-à-dire nés en France avec au moins un de leurs parents immigré. Parmi les personnes de moins de 60 ans, 4,7 millions sont descendantes d’immigrés de troisième génération (10 % des moins de 60 ans), c’est-à-dire nées en France, de parents non immigrés, et avec au moins un de leurs grands-parents immigré.
Un lien à l’immigration qui s’estompe au fil des générations, car la diversité des origines résulte également, selon l’étude, d’une mixité croissante des unions : «si 27 % des immigrés sont en couple avec un conjoint sans ascendance migratoire directe, c’est le cas de 66 % des descendants de deuxième génération, constatent les experts. À la troisième génération, neuf petits-enfants d’immigrés sur dix de moins de 60 ans n’ont qu’un ou deux grands-parents immigrés».
Le niveau d’éducation progresse-t-il autant dans les familles issues de l’immigration que dans les autres ? L’enquête Trajectoires et Origines a, pour la première fois, mesuré sa progression du niveau d’éducation sur trois générations. «72 % des descendants de deux parents immigrés obtiennent un diplôme plus élevé que celui de leurs parents, affirme l’étude. C’est davantage que pour les enfants de couples mixtes ayant un seul parent immigré (55 %) ou encore les descendants de natifs (57 %). Pour autant, ces enfants de deux parents immigrés, partant d’un capital scolaire plus faible, demeurent moins souvent diplômés du supérieur que les descendants de natifs».
Mais à quelles professions conduisent ces diplômes? Les diplômés du supérieur nés d’un ou deux parents d’origine extra-européenne sont nettement moins nombreux à accéder à des professions intermédiaires ou supérieures : 63 % pour les originaires du Maghreb, 67 % pour ceux d’Asie et 71 % pour ceux du reste de l’Afrique. Une part de l’explication de ces écarts selon l’origine, affirme l’enquête de l’Insee et de l’Ined, «tient aux discriminations à l’embauche régulièrement mesurées».
C’est d’ailleurs l’objet d’un troisième volet de l’étude: en dix ans, le sentiment de discrimination augmente, porté par les femmes et le motif sexiste, indique le rapport. À la question « Au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? », 19 % de la population de 18 à 49 ans a répondu « souvent » ou « parfois ». En 2008-2009, cette proportion n’était que de 14 %. Une augmentation davantage marquée pour les femmes que pour les hommes: en 2019-2020, elles sont 21 % à déclarer avoir subi des discriminations, contre 14 % dix ans plus tôt. Le motif sexiste est devenu la cause principale de discrimination, dépassant ceux liés à l’origine, la nationalité ou la couleur de peau.
ENTRETIEN – L’enseignant, auteur du best-seller La Fabrique du crétin, publie un deuxième tome, intitulé Vers l’apocalypse scolaire. Un titre qui traduit sa grande inquiétude…
DÉCRYPTAGE – Depuis la rupture de cette masse de glace des Alpes italiennes, qui a fait au moins six morts, médias et responsables politiques accusent unanimement le changement climatique. À raison ?
source: Le Figaro