Il ne sera resté ministre chargé des relations avec le Parlement que quelques semaines. Olivier Véran a été nommé porte-parole du gouvernement, lundi 4 juillet, dans le second gouvernement d’Elisabeth Borne. Le député de l’Isère succède ainsi à Olivia Grégoire, qui retourne à Bercy, et sera l’un des ministres importants du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Ce neurologue de 42 ans aura un portefeuille plus large que sa prédécesseure, puisqu’il est également nommé ministre délégué chargé du renouveau démocratique.
Lors de la passation des pouvoirs, lundi à la mi-journée, M. Véran a salué l’action et « l’engagement irréprochable » de Mme Grégoire, avant d’évoquer les enjeux de sa nouvelle fonction. « Le contexte politique que nous connaissons appelle plus que jamais à la transparence, au dialogue et au renouveau démocratique, a-t-il déclaré. Les Français aiment la politique, ils aiment en débattre, mais ils aiment beaucoup moins quand nous en faisons. »
« Il faut qu’on puisse se poser la question sans tabou : pourquoi une telle défiance ? Pourquoi ce sentiment de déconnexion ? », a affirmé l’ancien ministre de la santé, alors que l’abstention a atteint un record lors des dernières législatives. « Notre mission, c’est de rendre audible notre action, d’être capable de parler à hauteur d’hommes, de rendre l’action du gouvernement à la portée de toutes et tous. »
Au Parlement, M. Véran, qui était décrit par de nombreux députés comme un ministre clivant après son passage au ministère de la santé pendant la crise du Covid-19, sera remplacé par Franck Riester. Ce dernier, ancien du parti Les Républicains avant de participer à la création de la formation de centre droit Agir et aujourd’hui député du groupe Renaissance (ex-La République en marche, LRM), apparaît plus consensuel, alors que le ministère des relations avec le Parlement est stratégique pour ce quinquennat au vu de la situation à l’Assemblée nationale, où la coalition présidentielle n’a pas de majorité absolue.
Quelques minutes avant l’annonce officielle du remaniement lundi matin, le vice-président de l’Assemblée nationale et député rassemblement national (RN) du Nord, Sébastien Chenu, a d’ailleurs qualifié sur Franceinfo de « bonne chose » le départ annoncé d’Olivier Véran.
M. Véran, député LRM depuis 2017, après avoir siégé à l’Assemblée sur les bancs du Parti socialiste entre 2012 et 2015, s’est fait connaître du grand public en février 2020 au moment de son arrivée au ministère de la santé. Il remplaçait alors au pied levé Agnès Buzyn, propulsée candidate LRM à la Mairie de Paris après le crash de Benjamin Griveaux. Quelques semaines plus tard, la France était confinée. Dès son arrivée au ministère de la santé et des solidarités, M. Véran a dû gérer la crise sanitaire, le système de santé au bord de l’implosion et un personnel hospitalier fragilisé.
Au fil de longs mois de confinement, de déconfinement et de reconfinement, M. Véran est devenu l’un des visages familiers des conférences de presse quotidiennes sur l’évolution du bilan humain de l’épidémie de Covid-19. Il a plaidé pour vacciner largement la population et pour la mise en place du passe sanitaire, ce dernier ayant, selon lui, fait la preuve de son efficacité contre l’épidémie, qui a causé la mort de 149 585 personnes porteuses du SARS-CoV-2, selon Santé publique France à la date du 3 juillet.
Réputé comme bon communicant, M. Véran a été réélu le 19 juin dans la 1re circonscription de l’Isère. Il a obtenu 57,7 % des voix face à la candidate de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), Salomé Robin (42,3 %).
Trois ministres délégués sont nommés auprès de la première ministre. Olivier Véran change de portefeuille et devient ministre délégué chargé du renouveau démocratique ainsi que porte-parole du gouvernement. Franck Riester devient ministre délégué chargé des relations avec le Parlement tandis qu’Isabelle Rome conserve le portefeuille de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.
Charlotte Caubel, magistrate, devient, elle, secrétaire d’Etat chargée de l’enfance, Hervé Berville (Renaissance), député, est chargé de la mer et Marlène Schiappa fait son retour au gouvernement en tant que secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative.
Quatre ministres délégués sont nommés à ses côtés : Gabriel Attal reste chargé des comptes publics, Roland Lescure, ancien président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée, prend le portefeuille de l’industrie, Jean-Noël Barrot (MoDem), député des Yvelines, celui de la transition numérique, tandis qu’Olivia Grégoire passe ministre déléguée aux PME, à l’artisanat, au commerce et au tourisme.
Jean-François Carenco, haut fonctionnaire, devient ministre délégué chargé des outre-mer, Caroline Cayeux (Les Républicains), maire de Beauvais, devient ministre déléguée chargée des collectivités territoriales (également auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires), et Sonia Backès, présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, devient secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté.
Olivier Becht (Renaissance), député, est nommé ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, Laurence Boone, cheffe économiste à l’OCDE, devient secrétaire d’Etat chargée de l’Europe et Chrysoula Zacharopoulou reste secrétaire d’Etat chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.
Carole Grandjean, députée Renaissance, entre au gouvernement comme ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels (également auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse).
Outre la ministre déléguée Patricia Mirallès, Sarah El Haïry fait son retour au gouvernement comme secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et du service national universel.
Outre Caroline Cayeux, nommée ministre déléguée, Clément Beaune change de portefeuille et devient ministre délégué chargé des transports tandis qu’Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois, entre au gouvernement comme ministre délégué chargé de la ville et du logement. Bérangère Couillard, députée Renaissance, devient secrétaire d’Etat chargée de l’écologie et Dominique Faure, elle aussi députée Renaissance, est nommée secrétaire d’Etat chargée de la ruralité.
Agnès Firmin-Le Bodo, députée et présidente de la commission des affaires culturelles à l’Assemblée nationale, devient ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé.
source: Le Monde