C’est donc Christophe Béchu qui prendra la succession d’Amélie de Montchalin à la tête du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Déjà membre du premier gouvernement d’Elisabeth Borne, où il était ministre délégué chargé des collectivités territoriales, sous la double tutelle d’Amélie de Montchalin et de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, Christophe Béchu coche plusieurs cases.
La nomination de cet ancien membre de l’UMP puis des Républicains, secrétaire général du parti de centre droit Horizons depuis le 9 octobre 2021, conforte l’alliance avec le mouvement d’Edouard Philippe, dont M. Béchu est un proche.
Surtout, sa connaissance des collectivités territoriales – il est maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole depuis 2014 – est un atout pour la transition écologique déclinée au plus près des territoires. A 48 ans, l’Angevin, père de trois enfants, diplômé de Sciences Po Paris, maîtrise parfaitement une partie de son futur champ d’activité.
S’agissant de sa connaissance de l’écologie, Matthieu Orphelin, ex-député du Maine-et-Loire qui connaît bien l’homme, pour l’avoir « pratiqué » à Angers, dit de lui qu’« il est sensible à ces thèmes, l’un des plus sensibles même à droite ». « On a agi ensemble sur le plan vélo par exemple, qui a été développé à Angers. » C’est d’ailleurs dans cette ville qu’Edouard Philippe, alors premier ministre, était venu en septembre 2018 présenter le plan vélo national.
Alors que l’architecture du « pôle vert » du gouvernement reste basée sur deux ministères principaux, la transition écologique et la cohésion des territoires d’une part, et la transition énergétique d’autre part, avec Agnès Pannier-Runacher, maintenue dans la seconde équipe d’Elisabeth Borne, Christophe Béchu va devoir mettre les bouchées doubles.
La réponse à l’« urgence écologique » décrétée par Emmanuel Macron a souffert de l’attente liée à la perte de majorité du chef de l’Etat à l’Assemblée nationale. Et peu de décisions, nécessaires au vu de la crise climatique et environnementale, ont été prises. « La tâche est tellement énorme qu’il va devoir changer d’échelle et de rythme. Il va falloir concrétiser et prendre des mesures fortes, il va falloir aussi qu’il gagne les arbitrages », dit encore Matthieu Orphelin. Par exemple, « répondre aux menaces sur la biodiversité, rétablir un rapport de force avec les chasseurs, auxquels on passe tout ».
Ancien sénateur (2011-2017) et ancien député européen (2009-2014), Christophe Béchu sera-t-il ce ministre-là ? Pour Delphine Batho, députée écologiste et Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes) des Deux-Sèvres, « l’homme est entré au gouvernement, car il était secrétaire général d’Horizons ». « Il a voté contre l’interdiction des néonicotinoïdes quand il était sénateur et c’est un ultraconservateur », avance la députée. De fait, M. Béchu avait signé une tribune contre le mariage pour tous avec Bruno Retailleau dans le magazine d’extrême droite Valeurs actuelles, en octobre 2012. Pour Delphine Batho, « on ne peut pas dire que les enjeux de l’urgence écologique ont inspiré en quoi que ce soit cette nomination ».
source: Le Monde