Une étude menée à Toulouse s’est intéressée aux conséquences des patients placés en réanimation suite à une infection du Covid-19. D’après les résultats des recherches, la moitié des patients conserverait des séquelles physiques et/ou psychologiques. Décryptage.
Être placé en réanimation, peu importe la raison, peut avoir de lourdes conséquences. Au total, 50 % à 70 % des patients présentent généralement un syndrome post réanimation qui peut impacter leur qualité de vie. Comme on le sait, depuis deux ans, la pandémie du Covid-19 a touché de nombreuses personnes dans le monde. Beaucoup de patients ont dû donc être placés en réanimation notamment à cause d’une détresse respiratoire aiguë. Une récente étude s’est donc intéressée sur les conséquences de la réanimation due au Covid, sur la vie des patients.
Les équipes du centre hospitalier universitaire de Toulouse se sont penchées sur l’après-hospitalisation. Pour cela, les professionnels de santé ont analysé les données d’une cinquantaine de patients pendant six mois après leur sortir de l’hôpital. L’ensemble des volontaires avaient été admis en réanimation lors des deux premières vagues de l’épidémie pour un syndrome de détresse respiratoire aigu. Le Dr Fanny Bounes, anesthésiste-réanimatrice au service de réanimation polyvalente de l’hôpital Rangueil, secrétaire du comité réanimation de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), explique que les experts ont alors commencé à procéder à une série de tests. « Nous avons regardé s’ils conservaient des troubles physiques (douleur, problèmes de mobilité, perte d’autonomie), s’ils étaient fatigués, s’ils avaient perdu des capacités sensitives et motrices (le fait de les avoir positionnés à plat ventre peut avoir compressé des zones nerveuses) ou encore, pour ceux qui avaient été placés sous assistance circulatoire et respiratoire (ECMO), s’ils avaient conservé des déficits moteurs. Nous avons également suivi les troubles de perte de goût, d’odorat, d’appétit, les conséquences psychologiques (anxiété, dépression, stress post-traumatique) et leur état nutritionnel (ils ont généralement perdu 15 kg de muscle) ».
L’étude précise qu’il est important de prendre du recul sur les résultats. En effet, d’après les spécialistes, il est difficile de déterminer ce qui dans le syndrome post-réanimation relève du Covid ou non. Néanmoins, les recherches ont pu prouver que l’impact sur le quotidien des patients était assez important. D’ailleurs, la qualité de vie de ces derniers a été fortement altérée comme l’explique la réanimatrice : « dans 7 cas sur 10, après six mois, les patients présentent des syndromes dépressifs, 10 % ont des troubles anxieux et 10 % un trouble de stress post-traumatique ».
La pandémie du Covid-19 a permis aux professionnels de santé de se questionner sur l’impact de la réanimation sur la vie des patients une fois l’hospitalisation terminée comme l’explique le Dr Fanny Bounes : « Clairement, avant le Covid, peu de personnes s’intéressaient au syndrome post-réanimation. Nous connaissions ces troubles chez des patients qui entraient en réanimation suite à une grippe, un accident, une septicémie. Quand ils rentraient chez eux, ils ne pouvaient pas reprendre le travail, pas conduire, avaient des troubles de la mémoire. Cette période a mis en évidence ces risques de séquelles ».
source: Elle