Les sénateurs prennent les accusations de Michel-Édouard Leclerc au mot et vont se pencher sur les racines des hausses de prix qui grèvent le budget des Français. Ce vendredi, la commission des Affaires économiques du Sénat, présidée par Sophie Primas, a annoncé se «saisir de la question du pouvoir d’achat et des causes de l’inflation des prix des produits de grande consommation». Les premiers éléments seront publiés dans trois semaines.
Les sénateurs ont prêté l’oreille aux accusations tenues par l’industriel Michel-Édouard Leclerc : depuis plusieurs mois, celui-ci s’agace de l’inflation, estimant qu’une bonne partie des augmentations de prix ne sont pas justifiées. «La moitié des hausses de prix» demandées par les industriels de l’agroalimentaire «ne sont pas transparentes et sont suspectes», a-t-il ainsi jugé sur BFMTV, cette semaine.
Les élus du groupe CRCE au Sénat ont rapidement rebondi sur les déclarations du distributeur : ses propos «méritent considération et [un] tel travail parlementaire permettrait d’éclairer les débats à venir», ont-ils considéré dans une lettre adressée à Sophie Primas, demandant la création d’une «mission d’information concernant les origines de l’inflation». D’autres élus de la Nupes, à l’Assemblée nationale, ont aussi soutenu l’idée d’une enquête parlementaire sur les hausses de prix : «excellente suggestion», a commenté le patron du PS, Olivier Faure, quand son collègue LFI Manuel Bompard a qualifié cette piste de «très bonne idée».
Dans le cadre des travaux du groupe de suivi de la loi Egalim, qui encadre les discussions entre distributeurs et producteurs, les sénateurs comptent donc «établir un premier bilan des causes de [l’]inflation», le 20 juillet prochain. Ces travaux doivent éclairer les débats au Parlement autour du projet de loi visant à protéger le pouvoir d’achat des ménages, qui s’annoncent mouvementés. La commission des Affaires économiques accuse les lois Egalim de participer aux hausses de prix : «Chaque acteur semble, de prime abord, légitime dans ses requêtes, et il nous appartiendra d’identifier ce qui relève en réalité de l’augmentation réelle du prix des intrants, de mouvements purement spéculatifs, ou plus largement d’une insuffisance du cadre réglementaire», commente le sénateur (LR) Daniel Gremillet, cité dans un communiqué.
Lancer une commission d’enquête, comme le suggérait Michel-Édouard Leclerc, aurait été trop long, les travaux prenant habituellement six mois, explique une source sénatoriale. Même constat pour une mission flash, réclamée par les sénateurs communistes, qui prend plutôt un mois. Les élus ont donc préféré s’appuyer sur les travaux menés en ce moment dans le cadre du groupe de suivi Egalim. Les auditions qui ont lieu ces jours-ci avec des acteurs de la distribution abordent ces thématiques et permettront d’apporter de premiers éléments de réponse. Derrière, si les conclusions s’avèrent intéressantes, rien n’empêchera les sénateurs d’aller plus loin, en lançant une mission d’information voire une commission d’enquête. Verdict dans trois semaines, donc.
L’association de consommateurs estime que les banques font croire aux consommateurs «qu’ils n’ont aucun droit au remboursement» et «les dupent sur l’étendue de leurs droits».
source: Le Figaro